Le Negro Spiritual est un type de musique vocale et sacrée né chez les esclaves noirs des États-Unis au XVIIe siècle qui sera à l’origine du mouvement gospel.
Pour rythmer le travail pénible dans les champs — interdiction de parler —, les esclaves noirs pratiquent les Work Songs — chants de travail. Il s’agit de chants simples sans accompagnement.
La voix humaine devient alors un médiateur avec les dieux et les forces surnaturelles auxquels chaque ethnie, aussi différente soit-elle, tente de s’accrocher pour survivre sur une terre encore inconnue.
Au début de l’esclavage — XVIIe siècle —, les opinions des planteurs diffèrent sur une évangélisation possible des esclaves.
Certains sont d’accord car elle pourrait insuffler une paix durable.
Pour les opposants, l’évangélisation serait un véritable danger pour le système établi car les esclaves seraient alors leurs égaux devant le Christ.
Cependant, malgré les différences de langues entre chaque ethnie, le mélange avec la langue anglaise va s’opérer lentement.
Les références des esclaves noirs sont désormais la Bible — Saint Paul, Saint Jean Baptiste.
L’utilisation du vocabulaire religieux est prépondérante.
L’accompagnement instrumental est graduel.
Dans un premier temps, il s’agit d’outils d’esclaves — hache, marteau, pioche, etc. Après l’émancipation — 1865 — sont apparues des troupes de minstrels(1) noirs composées de comédiens, chanteurs, danseurs et musiciens se servant d’instruments folkloriques comme les tambourins, les claquettes en os — bones —, le violon et le banjo. En somme, des spectacles caricaturaux et des parodies outrageuses.
Le Negro Spiritual va plus ou moins s’occidentaliser et laisser place au Gospel.
Le Gospel est un chant religieux chrétien qui prend la suite des négro spirituals.
Il s’est développé en même temps que le jazz et le blues primitif. Les artistes modernes de Gospel ont aussi intégré des éléments de Soul Music.
Le gospel se développa d’abord chez les afro-américains et les blancs du sud, avant de conquérir le reste de l’Amérique et du monde.
Le mot Gospel signifie « Évangile » : littéralement « good spell », c’est-à-dire « bonne parole », « bonne nouvelle ».
Les « Gospel Hymns » sont une première étape vers les Gospel Songs de 1930. Ce sont des hymnes traditionnels et des mélodies en vogue. C’est un courant, une mutation des chants rituels protestants blancs.
Depuis les années 1870, les instruments sont de plus en plus présents aux offices : orgue, harmonium, instruments à cordes, claquements des mains et mouvements du corps.
Le début du XXe siècle voit surgir une véritable effervescence artistique pour les Noirs.
Les « Gospel Hymns » deviennent des Gospel Songs dont les bases sont à la fois simples et sophistiquées.
Mais au début de ce siècle on ne peut pas encore véritablement parler encore de Gospel.
Le Gospel est incontestablement une révolte musicale contre une Amérique raciste.
C’est une expression de la souffrance des noirs récemment émancipés, mais encore sous l’hégémonie ségrégationniste blanche, particulièrement dans les États du Sud ; d’où une très forte migration vers les grandes villes du Nord (Chicago, Detroit, New York).
Ces populations ne s’engagent pas politiquement même si elles restent fidèles au Parti Républicain, à Lincoln, leur libérateur.
Le Gospel fait intervenir plus d’instruments, comme déjà évoqué ci-dessus, mais fait aussi plus souvent référence à Jésus-Christ et aux apôtres, c’est à dire aux Evangiles, contrairement aux Negro Spirituals qui évoquaient plutôt des personnages de l’Ancien Testament (« Joshua fit the Battle of Jerico » ; « Go down Moses »), etc.
(1) Le minstrel show, ou minstrelsy, était un spectacle américain créé vers la fin des années 1820, où figuraient chants, danses, musique, intermèdes comiques, interprétés d’abord par des acteurs blancs qui se noircissaient le visage, puis, surtout après la Guerre de Sécession, par des noirs eux-mêmes.
Les Noirs de ces spectacles apparaissaient comme ignorants, stupides, superstitieux, joyeux, et doués pour la danse et la musique. Les acteurs professionnels délaissèrent le genre vers 1910, mais des amateurs le firent durer jusque dans les années 1950. La montée de la lutte contre le racisme les fit disparaitre définitivement.
source : www.wikipedia.fr